la fuite et l’aube

 

j’étais arrivée au plus tôt le matin
montré mon passeport ouvreur de chemins
passée sous le portique de sécurité les bras levés
retournée une dernière fois
nos adieux bredouillés avaient trébuché sur les douaniers
des regards d’amour d’espoir et de tristesse se tenaient les mains
en suivant ma silhouette qui s’enfuyait au loin
j’avançais sans me retourner
et du haut de mes 20 ans sans chagrin et sans peurs
je partis vers mon destin et mes rêves d’ailleurs

les murs de l’aéroport étaient d’énormes baies vitrées
le toit lui aussi dévoilait l’immensité
et pendant que je disparaissais de ceux qui m’avaient aimée
la lumière me transperçait et je devins transparente

le halo de l’inconnu m’aspira toute nue
plus de nom plus de voix et mes yeux aveuglés
mon passé mes amours mes erreurs évaporées
plus de peur je devins invisible invincible
plus d’orgueil et plus de lucidité en-dessous de mes pieds
juste le tapis roulant scintillant sa lumière
qui m’envolait légère
éblouie dressée et fière

mon cœur se soulevait comme sur des montagnes russes
cette nouvelle vie était le plus beau des déserts
un vide lumineux et infini qui éclatait devant moi
sans plus d’espoirs sans certitudes sans illusions
sans plus de promesses sans idées sans bulles de savon

derrière moi une ligne que je ne pouvais plus franchir
devant moi une ligne dorée que je devais suivre
mes choix avaient disparus, avalés par l’exigence des étoiles
et j’ai su qu’à cet instant les dieux commençaient à naître

Une réflexion sur “la fuite et l’aube

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